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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/177

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gieux du fond des caves funèbres. Couché sur l’herbe fraîche et luisante qui croît aux marges des courans, le poëte oubliait, à contempler la lune et à écouter l’eau, les heures qu’il aurait pu passer avec Lélia : car, à cet âge, tout est bonheur dans l’amour, même l’absence. Le cœur de celui qui aime est si riche de poésie, qu’il lui faut du recueillement et de la solitude pour savourer tout ce qu’il croit voir dans l’objet de sa passion, tout ce qui n’est réellement qu’en lui-même.

Sténio passa bien des nuits dans l’extase. Les touffes empourprées de la bruyère cachèrent sa tête agitée de rêves brûlans. La rosée du matin sema ses fins cheveux de larmes embaumées. Les grands pins de la forêt secouèrent sur lui les parfums qu’ils exhalent au lever du jour ; et le martin-pêcheur, le bel oiseau solitaire des torrens, vint jeter son cri mélancolique au milieu des pierres noirâtres et de la blanche écume du