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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/180

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argenté de la lune ! Comme sa voix s’élevait, pleine et inspirée, dans la plainte du vent, dans les accords aériens de la cascade, dans la respiration magnétique des plantes qui se cherchent, s’appellent et s’embrassent à l’ombre de la nuit, à l’heure des mystères sacrés et des divines révélations ! Alors Lélia était partout, dans l’air, dans le ciel, dans les eaux, dans les fleurs, dans le sein de Dieu. Dans le reflet des étoiles, Sténio voyait son regard mobile et pénétrant ; dans le souffle des brises, il saisissait ses paroles incertaines ; dans le murmure de l’onde, ses chants sacrés, ses larmes prophétiques ; dans le bleu pur du firmament, il croyait voir planer sa pensée, tantôt comme un spectre ailé, pâle, incertain et triste ; tantôt comme un ange éclatant de lumière ; tantôt comme un démon haineux et moqueur : car Lélia avait toujours quelque chose d’effrayant au fond de ses rêveries, et la peur pressait de son âpre aiguillon les désirs passionnés du jeune homme.