Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/203

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femme hideuse de rides et de haillons ; et s’il m’arrivait de jeter les yeux sur elle en lui répondant, savez-vous quelle figure m’apparaissait aux barreaux du confessionnal, au lieu de la face jaune et flétrie de la vieille ? La figure pâle et le regard méchant et froid de Lélia qui me pétrifiait. Alors ma parole restait paralysée sur mes lèvres ; une sueur pénible inondait mon front, un nuage passait sur mes yeux ; il me semblait que j’allais mourir. Ma langue cherchait vainement une formule d’exorcisme, j’oubliais jusqu’au nom du Très-Haut ; je ne pouvais invoquer aucune puissance céleste, et cette hallucination ne cessait qu’à la voix rauque et cassée de la vieille qui me demandait l’absolution. Moi absoudre, moi délier les ames, moi dont l’ame était enchaînée par un pouvoir infernal ! Mais heureusement Lélia n’est plus. Elle s’est damnée, et moi je vis, je serai sauvé ! — Car, je l’avoue, tant qu’elle a vécu j’étais en proie à d’horribles tentations ; des pensées