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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/205

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Et d’ailleurs les choses que nous voyons existent ; la femme qu’on peut étreindre dans ses bras n’est pas une ombre. Moi je n’ai que l’espoir d’une autre vie, et qui m’en répondra ? Mon Dieu, vous n’existez donc pas, puisque vous me laissez en proie à ces affreuses incertitudes ! Il fut un temps, dit-on, où vous faisiez des miracles pour soutenir la foi chancelante des hommes ; vous avez envoyé un ange pour toucher d’un charbon embrasé la lèvre muette d’Isaïe, vous êtes apparu dans le buisson ardent, dans la nuée d’or, dans la brise des nuits, et maintenant vous êtes sourd, vous restez indifférent à nos erreurs et à nos fautes. Vous avez abandonné votre peuple, vous ne tendez plus la main à celui qui s’égare, vous n’adressez plus une parole d’encouragement et de force à celui qui souffre et combat pour vous. Oh ! vous n’êtes que mensonge et vain orgueil de l’homme, vous n’êtes rien ! vous n’êtes pas !…

— Ainsi je blasphémais et je me laissais em-