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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/238

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ces ? Quelle gloire notre abjection et notre néant ajoutent-ils à votre gloire ? — Ces tourmens sont-ils nécessaires à l’homme pour lui faire désirer le ciel ? L’espérance est-elle une faible et pâle fleur qui ne croît que parmi les rochers, sous le souffle des orages ? Fleur précieuse, suave parfum, viens habiter ce cœur aride et dévasté !… Ah ! c’est en vain, depuis long-temps, que tu essaies de le rajeunir ; tes racines ne peuvent plus s’attacher à ses parois d’airain, son atmosphère glacée te dessèche, ses tempêtes t’arrachent et te jettent à terre brisée, flétrie !… Ô espoir ! ne peux-tu donc plus refleurir pour moi ?…

— Ces chants sont douloureux, cette poésie est cruelle, dit Sténio, en lui arrachant la harpe des mains ; vous vous plaisez dans ces sombres rêveries, vous me déchirez sans pitié. Non, ce n’est point là la traduction d’un poëte étranger ; le texte de ce poëme est au fond de votre ame, Lélia, je le sais