Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

homme heureux n’est pas agréable au Seigneur. Ô mon Dieu ! tu souffres peut-être aussi, tu es peut-être ennuyé dans ta gloire, puisque tu nous fais tant de mal !

Eh bien ! ces enfans du soleil que dans nos rêves de poëtes nous envions comme les privilégiés de la terre, sans doute, ils se demandent parfois s’il existe une contrée chérie du ciel, que ne sillonnent pas les laves ardentes, que ne balaient pas les vents destructeurs ; une contrée qui s’éveille au matin, unie, calme et tiède comme la veille. Ils se demandent si Dieu, dans sa colère, a mis partout des panthères affamées de sang et des reptiles hideux ; peut-être ces hommes simples rêvent-ils leur paradis terrestre sous nos latitudes tempérées, peut-être dans leurs songes voient-ils la brume et le froid descendre sur leurs fronts bronzés et assombrir leur atmosphère ardente. Nous, quand nous rêvons, nous voyons le soleil rouge et chaud, la plaine étincelante, la mer embrasée, et le sable