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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/254

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claires comme nos jours d’automne, les étoiles se montrent quatre fois grandes comme ici. Tout est beau, tout est riche. L’homme encore grossier et naïf ignore une partie des maux que nous avons inventés. Croyez-vous qu’il soit heureux ? Non. Des troupes d’animaux hideux et féroces lui font la guerre. Le tigre rugit autour de sa demeure ; le serpent, ce monstre froid et gluant dont l’homme a plus d’horreur que d’aucun autre ennemi, se glisse jusqu’au berceau de son enfant. Puis vient l’orage, cette grande convulsion d’une nature robuste qui bondit comme un taureau en fureur, qui se déchire elle-même comme un lion blessé. Il faut que l’homme fuie ou périsse ; le vent, la foudre, les torrens débordés bouleversent et emportent sa cabane, son champ et ses troupeaux ; chaque soir, il ignore s’il aura une patrie le lendemain ; elle était trop belle cette patrie, Dieu ne veut pas la lui laisser. Chaque année il lui en faudra chercher une nouvelle. Le spectacle d’un