Aller au contenu

Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/339

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

votre mère. N’avez-vous pas un mot d’affection pour elle ?

— Ô ma sœur toujours belle ! dit Lélia, sauvez-moi, sauvez-moi de la vie, sauvez-moi du désespoir ; apportez-moi de la tendresse, dites-moi que vous m’aimez, que vous vous souvenez de nos beaux jours, que vous êtes ma famille, mon sang, mon seul bien sur la terre !

Elles s’embrassèrent en pleurant toutes deux. Pulchérie était passionnée dans sa joie, Lélia était triste dans la sienne ; elles se regardaient avec des yeux humides et se touchaient avec des mains étonnées. Elles ne revenaient pas de se trouver encore belles, de s’admirer, de s’aimer, et, différentes comme elles étaient, de se reconnaître.

Lélia se souvint tout-à-coup que sa sœur était souillée. Ce qu’elle eût pardonné à toute autre créature humaine la faisait rougir dans la personne de sa sœur ; c’était un reste involontaire de cette insurmontable puissance