Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/340

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de la vanité sociale qui s’appelle l’honneur.

Elle laissa tomber ses mains qu’elle avait mises dans celles de Pulchérie, et resta immobile, anéantie par je ne sais quel nouveau découragement, pâle, le corps plié en deux et le regard attaché sur la sombre verdure où s’éteignait le reflet des éclairs.

Pulchérie s’effraya de cette attitude morne et du sourire amer et glacé qui errait stupidement sur ses lèvres. Oubliant la dégradation où le monde l’avait condamnée, elle eut pitié de Lélia, tant la douleur rétablit l’égalité entre les existences.

— C’est donc ainsi que vous êtes ! lui dit-elle avec douceur et du ton dont une mère consolerait son enfant affligé. J’ai passé de longues années loin de ma sœur, et quand je la retrouve, c’est à terre, comme un vêtement usé dont personne ne veut plus, étouffant ses cris avec les tresses de ses cheveux et déchirant son sein avec ses ongles. Vous étiez ainsi quand je vous ai surprise, Lélia ;