Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/344

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choisie, à qui la faute ? Puisse cette leçon vous être utile ! Souvenez-vous de nos querelles, de nos luttes et de notre séparation ; nous nous sommes mutuellement prédit notre perte !

— Hélas ! je vous ai prédit le mépris des hommes, Pulchérie, l’abandon, une horrible vieillesse… Je ne peux pas avoir encore raison ; grâce au ciel, vous êtes toujours belle et jeune. Mais déjà n’avez-vous pas senti la honte vous brûler de son fer rouge ? Toute cette foule avide et désœuvrée qui vous cherche dans cet instant pour assouvir une insolente curiosité, ne l’entendez-vous pas gronder comme une bête immonde et dangereuse ? Ne sentez-vous pas sa chaude haleine qui vous poursuit et vous infecte ? Écoutez, elle vous appelle, elle vous réclame comme sa proie ; courtisane, vous lui appartenez ! Oh ! si elle vient jusqu’ici, ne dites pas que vous êtes ma sœur ! Si elle allait nous confondre ensemble ! Si elle osait mettre sur moi ses mains boueu-