sein virginal, que pour la première fois Dieu m’a révélé la puissance de la vie. Ne vous éloignez pas ainsi. Écoutez-moi sans préjugé.
— Sans préjugé ! dit Lélia en se rapprochant. Que n’ai-je en effet des préjugés ! Ce serait une croyance quelconque. Parle : dis-moi tout, ma sœur.
— Eh bien ! dit Pulchérie, nous dormions paisiblement sur l’herbe moite et chaude. Les cèdres exhalaient leur exquise senteur de baume, et le vent de midi passait son aile brûlante sur nos fronts humides. Jusqu’alors, insouciante et rieuse, j’accueillais chaque jour de ma vie comme un bienfait nouveau. Quelquefois des sensations brusques et pénétrantes faisaient bouillonner mon sang. Une ardeur inconnue s’emparait de mon imagination ; la nature m’apparaissait sous des couleurs plus étincelantes ; la jeunesse palpitait plus vivace et plus riante dans mon sein ; et si je me regardais au miroir, je me trouvais