Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/353

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mêlait au triste chant des cigales ? Nous nous étendîmes sur le gazon, et tout en regardant le ciel ardent sur nos têtes au travers des arbres, il nous vint un lourd sommeil, une profonde insouciance. Nous nous éveillâmes dans les bras l’une de l’autre sans nous être senti dormir.

À ce mot Pulchérie tressaillit, et pressant la main de sa sœur :

— Oui, je me souviens de cela mieux que vous, Lélia. C’est un souvenir brûlant dans ma vie, et j’y ai pensé souvent avec une émotion pleine de charme, et peut-être de honte.

— De honte ? dit Lélia en retirant sa main.

— Vous n’avez pas su, vous n’avez pas deviné cela, dit Pulchérie. Je n’aurais jamais osé alors vous le confier. Mais à l’heure où nous sommes, je puis tout dire et vous pouvez tout apprendre. Écoutez, ma sœur… C’est dans vos bras innocens, c’est sur votre