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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/140

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gira pas. Je me suis endormi en murmurant votre nom. Votre image était dans tous mes rêves. Malgré vous, malgré vos mépris, vous étiez à moi tout entière : je vous ai possédée, je vous ai profanée. Mes étreintes convulsives, le frémissement voluptueux de ma bouche, tout cela était pour vous. Votre sœur ne l’ignore pas, car plusieurs fois je l’avais repoussée.

Pardonne à ma douleur, ô ma bien-aimée ! pardonne à ma colère sacrilége. Ingrat que je suis, ai-je le droit de t’adresser un reproche ? Puisque mes baisers n’ont pas réchauffé le marbre de tes lèvres, c’est que je ne méritais pas un pareil miracle. Mais au moins, dis-moi, je t’en conjure à genoux, dis-moi quelles craintes ou quels soupçons t’éloignent de moi ? Crains-tu de m’obéir en me cédant ? Penses-tu que le bonheur fera de moi un maître impérieux ? Si tu doutes, ô ma Lélia ! si tu doutes de mon éternelle reconnaissance, alors je n’ai plus qu’à pleurer et à prier Dieu