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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/148

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vie, j’ai le droit de l’affirmer, l’amour comme la religion révèle et illumine bien des voies cachées que la raison ne soupçonne pas. Du jour où nos deux ames s’uniraient dans une sainte communion, Dieu nous montrerait l’un à l’autre ; je lirais dans ta conscience aussi clairement que dans la mienne, je te prendrais par la main, et je redescendrais avec toi dans tes jours évanouis ; je compterais les épines qui t’ont blessée, j’apercevrais sous tes cicatrices le sang qui a ruisselé, et je les presserais de mes lèvres comme s’il coulait encore.

Gardez votre amitié pour Trenmor, votre amitié lui suffit ; car il est fort, il est purifié par l’expiation, il marche d’un pas ferme et sait le but de son pélerinage. Mais moi, je n’ai pas la volonté qui fait la grandeur et l’énergie du rôle viril, je n’ai pas l’égoïsme invulnérable qui soumet à ses desseins les passions qui le gênent, les intérêts qui l’embarrassent, les destinées jalouses qui encombrent sa route. Je n’ai jamais nourri au fond du cœur que