Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/149

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des désirs élevés, mais irréalisables. Je me suis complu dans le spectacle des grandes choses, et j’ai souhaité que leur société intime et familière ne manquât jamais à mes rêveries. J’ai vécu dans l’admiration assidue des caractères supérieurs, et j’ai senti frémir au-dedans de moi-même le besoin impérieux de les imiter et de les suivre. Mais errant sans relâche de désir en désir, mes solitaires méditations, mes prières ferventes, n’ont jamais obtenu du Dieu qui m’a créé la force d’accomplir ce que j’avais convoité, ce que j’avais couvé sous l’aile de mes rêves.

Eh bien ! Lélia, c’est pour cela que je vous aime, vous avez pris mon rôle, que les hommes vous refusaient. Loin de répudier le vôtre, je vous le demande à genoux. J’en suis sûr d’avance, vous voudrez tous mes désirs, et mes désirs ne franchiront jamais les limites augustes de votre volonté.

Si j’avais reçu du ciel une nature ordinaire, j’aurais trouvé, chemin faisant, bien des cœurs