Aller au contenu

Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

assez forte, il ne m’en faut pas une de plus pour atteindre à la sagesse. Me voici éclairé, me voici désabusé de toutes choses. Me voici vieux et plein d’expérience. Au ciel sont toutes les joies, tous les amours. À la bonne heure. Mais en attendant, acceptons la vie avec toutes ses nécessités, la jeunesse inquiète et fébrile, le désir fougueux et maladif, le besoin brutal, le vice effronté, paisible, philosophique. Faisons deux parts de notre être : l’une pour la religion, pour l’amitié, pour la poésie, pour la sagesse ; l’autre pour la débauche et l’impureté. Sortons du temple, allons oublier Dieu sur le lit de Messaline. Parfumons nos fronts et vautrons-nous dans la fange. Aspirons, dans le même jour, à l’immaculation des anges et résignons-nous à la grossièreté des animaux. Mais moi, Madame, je l’entends mieux que vous, je vais plus loin : j’adopte toutes les conséquences de votre précepte. Incapable de partager ainsi ma vie entre le ciel et l’enfer, trop médiocre, trop incom-