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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/178

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Vous ne me deviez rien et vous m’avez accordé cette facile compassion qui fait qu’on détourne la tête en passant auprès d’un homme saignant et blessé. N’était-ce pas déjà beaucoup ? N’était-ce pas du moins assez pour prouver votre sensibilité ?

Oh oui ! vous êtes une bonne sœur, une tendre mère, Lélia ! Vous me jetez aux bras des courtisanes avec un désintéressement admirable, vous brisez mon espérance, vous détruisez mon illusion avec une sévérité vraiment bien majestueuse ; vous m’annoncez qu’il n’est point de bonheur pur, point de chastes plaisirs sur la terre, et, pour me le prouver, vous me repoussez de votre sein qui semblait m’accueillir et me promettre les joies du ciel, pour m’envoyer dormir sur un sein encore chaud des baisers de toute une ville. Dieu a été sage, Lélia, de ne point vous donner d’enfant ; mais il a été injuste envers moi, en me donnant une mère telle que vous !

Je vous remercie, Lélia. Mais la leçon est