La nuit vint. La route à peine tracée devint si sombre que le postillon ne put avancer davantage sans se heurter à tous les arbres. Un chalet lui donna l’hospitalité ; mais les deux voyageurs, trouvant l’heure trop peu avancée pour se livrer au repos, continuèrent à marcher et s’enfoncèrent au hasard dans les bois.
Trenmor connaissait parfaitement le pays ; mais il feignit de s’égarer. Craignant d’éveiller la répugnance de Sténio et de le rappeler au sentiment de sa liberté en le prévenant de son dessein, il affectait d’ignorer où ils passeraient la nuit.
Peu à peu ils se rapprochèrent des montagnes, et Trenmor, voyant Sténio fatigué, lui proposa de regagner, comme ils pourraient, le lieu où ils avaient laissé leur équipage.
— J’aimerais mieux mourir à l’instant que de recommencer le chemin que j’ai fait, répondit Sténio ; je suis accablé, je n’irai pas plus loin.