Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/259

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amère et rétive, l’emmena déjeuner dans la chambre du prieur. Ensuite, il lui proposa de venir avec lui voir le cimetière.

Il était situé sur le versant de la montagne ; d’un côté, il attenait au couvent par une galerie en colonnes torses ; l’autre côté était borné par un ravin nu et sablonneux, au fond duquel un petit lac en entonnoir dormait dans un morne repos. Il n’y avait aucun moyen possible de descendre sur ses bords à cause de la mobilité des sables inclinés qui l’entouraient et de l’absence totale de point d’appui. Aucune roche n’avait trouvé moyen de s’arrêter sur cette pente rapide, aucun arbre n’avait pu enfoncer ses racines dans ce sol friable. En attendant que les avalanches qui l’avaient creusé vinssent le combler, ce précipice nourrissait, au sein de ses ondes immobiles, une riche végétation. Des lotus gigantesques, des polypiers d’eau douce, longs de vingt brasses, apportaient leurs larges feuilles et leurs fleurs variées à la surface