Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/275

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Néanmoins, je ne voudrais pas l’oser sans m’être auparavant purifié par la pénitence.

— Fort bien, mon père, vous voyez bien que vous êtes moins purifié que moi ; car je pourrais à présent dormir toute une nuit à côté de la plus belle femme du monde sans éprouver autre chose pour elle que du dégoût et de l’aversion. En vérité vous avez perdu votre temps à jeûner et à prier ; vous n’avez rien fait, puisque la chair peut encore épouvanter l’esprit, et que le vieil homme peut encore troubler la conscience de l’homme nouveau. Vous avez bien réussi à creuser votre estomac, à irriter votre cerveau, à déranger la combinaison harmonieuse de vos organes ; mais vous n’avez pas réduit comme moi votre corps à un rôle passif ; vous n’en êtes pas venu au point de subir l’épreuve dont je parle, et d’aller immédiatement communier sans confession ; vous n’avez obtenu pour résultat qu’un lent suicide physique, c’est-à-dire une action que votre religion