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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/293

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joncs, et le vol silencieux des chauves-souris amies des tombeaux. Parmi les sépulcres, au bord du ravin, au fond du lac sans rivages, son ame cherchait une pensée d’espoir, un sourire de la destinée. Comme son front était calme et sa bouche muette depuis long-temps, Magnus crut que Dieu avait eu pitié de lui et qu’il avait ouvert à ce cœur souffrant le trésor des espérances divines. Mais tout-à-coup, Sténio rompant le silence, et l’arrêtant sous le rayon pur et blanc de la lune, lui dit, en le pénétrant de son regard cynique :

— Moine, raconte-moi donc ton amour pour Lélia, et comment, après t’avoir rendu athée et renégat, elle te fit devenir fou ?

— Mon Dieu ! s’écria le pâle Camaldule avec égarement, faites que ce calice s’éloigne de moi.

— Je te laisserai tranquille, Magnus, reprit Sténio, si tu veux enfin me dire naïvement la vérité. Oui, si tu réponds à ma question sans fausse honte et sans hypocrisie,