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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/353

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se préserver du froid de la nuit. Mais quand les torches furent allumées, elles commencèrent à projeter sur le cadavre des lueurs d’un rouge livide. Le vent, qui les agitait, faisait passer des clartés sinistres sur ce visage près de tomber en dissolution, et par instans le mouvement de la flamme semblait se communiquer aux traits et aux membres de Sténio. Il leur sembla qu’il ouvrait les yeux, qu’il agitait une main convulsive, qu’il allait se lever ; la frayeur s’empara d’eux, et, sans oser s’avouer mutuellement leur puérilité, ils adoptèrent tacitement l’aveu unanime de se retirer. Le moine, dont la présence les avait un instant rassurés, commençait à les épouvanter plus que le mort lui-même. Son immobilité, son silence, sa pâleur et je ne sais quoi de sombre et de terrible dans le plissement de son front chauve et luisant lui donnaient l’aspect d’un esprit de ténèbres plus que d’un homme. Ils pensèrent que le démon avait pu prendre cette forme pour