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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/42

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interdit de franchir. Alors, rassurée sur la crainte de manquer à mon serment, je me sentais enfermée dans mon enceinte avec autant de rigueur que je l’aurais été dans une Bastille.

» Il y eut un temps de résignation et de ponctualité qui me reposa des souffrances passées. Il se fit en moi un grand calme, et mon corps s’endurcit par les privations, tandis que mon esprit s’endormait paisible sous l’empire d’une résolution bien arrêtée. Mais il arriva que mes facultés, renouvelées par le repos, se réveillèrent peu à peu et demandèrent impétueusement à s’exercer ; en voulant l’abattre, j’avais relevé ma puissance ; en couvrant de cendres une mourante étincelle, je lui avais conservé ses principes de vie, j’avais couvé un feu assez intense pour produire un vaste incendie. En me sentant renaître, je ne m’effrayai pas assez, je ne me réprimai point par le souvenir des arrêts que j’avais prononcés sur ma tombe. Il eût fallu consacrer