Page:Sand - L Autre.djvu/92

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CÉSAIRE.

Il ne faut pas mentir, il ne faut pas chanter, il faut parler !…

MARCUS.

À Hélène ? Oui.

CÉSAIRE.

Non, à M. Maxwell.

MARCUS.

Ah oui-dà ! et pourquoi ?…

CÉSAIRE.

Parce qu’il a désormais sur elle une influence… illimitée !…

MARCUS.

Je m’en doutais bien !…

CÉSAIRE.

C’est une très-bonne et très-légitime influence. Ouvrez-lui votre cœur. Chargez-le de traduire à Hélène, lui qui a des façons si séduisantes, le sentiment que vous ne savez pas exprimer.

MARCUS.

Dites donc, Césaire, comptez-vous vous servir de lui comme de truchement auprès de Jeanne ?

CÉSAIRE.

Peut-être, mon cher Marcus, peut-être ! quand le moment sera venu, si je me trouve trop interdit…

MARCUS.

Je ne peux pas être aussi naïf et aussi confiant que vous, Césaire. Si mon amour doit passer par cette traduction-là, j’aime autant le laisser étouffer dans le silence. Votre conseil ingénu me rappelle ce que votre compassion allait me faire oublier. Je ne puis lutter contre ce personnage incomparable, et j’aurais mauvaise grâce à le tenter à présent que la fortune d’Hélène peut être menacée ; c’est cette pensée-là qui me glace. Hélène ne paraît pas la comprendre, elle aime mieux