Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/111

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cent russe, l’autre avec l’accent suédois. La langue des cours et de la diplomatie était apparemment nécessaire à l’échange de leurs idées.

— Bah ! disait le Suédois, je ne suis pas plus bonnet que chapeau, bien que l’on me mette à la tête d’une certaine fraction des plus épais bonnets de coton de la diète. Au fond je me moque des puérilités, et vous connaîtriez mal la Suède, si vous faisiez plus de cas des uns que des autres.

— Je le sais, répondit le Russe : les voix au plus offrant.

— Offrez donc ! Vous n’avez pas d’autre politique à suivre. Elle est simple, et elle vous est facile, à vous qui avez un gouvernement riche. Quant à moi, je vous suis tout acquis, sans vous rien demander ; c’est une affaire de conviction.

— Je vois que vous n’êtes pas de ces patriotes de l’âge d’or qui rêvent l’union Scandinave, et qu’on s’entendra toujours avec vous. La czarine compte sur vous ; mais n’espérez pas vous soustraire à ses libéralités : elle n’accepte aucun service qu’elle ne récompense magnifiquement.

— Je le sais, reprit le Suédois avec un cynisme qui frappa Cristiano ; j’en ai fait l’expérience. Vive la grande Catherine ! qu’elle nous mette dans sa poche, ce n’est pas moi qui m’y opposerai. Qu’elle nous dé-