quand je ne suis pas auprès d’elle ! Que voulez-vous, ma belle amoureuse ? Tout le monde veut me consulter, ce n’est pas ma faute, et voilà un charmant jeune homme, un voyageur… français, n’est-ce pas ? ou italien, car vous avez un tout petit accent étranger ? Permettez-moi, comtesse Marguerite, de vous présenter mon jeune ami, M. de… Comment vous nommez-vous ?
— Christian Goefle, dit Cristiano avec aplomb.
Ce nom usurpé, surtout cette voix et cette prononciation qu’elle avait toutes fraîches dans l’oreille firent tressaillir Marguerite.
— Vous êtes le fils de M. Goefle ? dit-elle vivement. Oh ! c’est singulier comme vous lui ressemblez !
— Il n’y aurait rien de singulier à se ressembler de si près, répondit le savant ; mais monsieur ne peut être que le neveu de Goefle ; car Goefle ne s’est jamais marié, et, par conséquent, n’a pas plus d’enfant que moi-même.
— Ce ne serait pas une raison, dit Cristiano à l’oreille du savant.
— Ah ! oui, au fait ! répondit celui-ci du même ton et avec une naïveté incroyable, je n’y songeais pas ! ce diable de Goefle !… Alors vous seriez un fils de la main gauche ?