Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/122

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— Élevé à l’étranger et arrivé tout récemment en Suède, répondit Christian, émerveillé du succès de ses inspirations.

— Bien, bien ! reprit le savant, qui écoutait fort peu tout ce qui ne le concernait pas directement ; je comprends, c’est bien vu, vous êtes son neveu.

Puis, s’adressant à Marguerite :

— Je connais parfaitement monsieur, lui dit-il, et je vous le présente comme le propre neveu du bon Goefle… que vous ne connaissez pas, mais que vous avez envie de connaître, vous le disiez ce matin.

— Et je le dis encore, s’écria Marguerite.

Mais tout aussitôt elle rougit en rencontrant les yeux de Cristiano, qui lui rappelèrent par leur vivacité ceux du faux Goefle, qu’elle avait trouvés fort brillants à travers les mèches pendantes du bonnet fourré, lorsque, pour la mieux voir, il avait de temps en temps relevé involontairement les lunettes vertes du docteur.

— Et comment se fait-il, reprit le savant en s’adressant à la jeune fille sans remarquer son trouble, que vous ne soyez pas à la danse ? Je croyais qu’il n’y en aurait que pour vous cette nuit, et qu’on n’aurait pas le loisir de vous dire un mot.

— Eh bien, mon cher amoureux, vous vous êtes trompé. Je ne danserai pas : je me suis tourné le