Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/130

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très-coquette, mais moins par galanterie que par esprit d’intrigue.

Elle était un des plus ardents bonnets de la Suède, c’est-à-dire qu’elle travaillait pour la Russie contre la France, dont les partisans prenaient le titre de chapeaux, et pour la noblesse et le clergé luthérien contre la royauté, qui naturellement cherchait son appui dans les autres ordres de l’État, les bourgeois et les paysans.

Elle avait été jolie et elle l’était encore assez, son esprit et son crédit aidant, pour faire des conquêtes ; mais sa manière d’être, tour à tour hautaine et familière, déplut à Cristiano. Dès le premier coup d’œil, il lui trouva un air de duplicité et d’obstination qui lui parut de mauvais augure pour l’avenir de Marguerite.

— Eh bien, dit-elle à celle-ci d’un ton aigre et bref, que faites-vous là, contre ce poêle, comme si vous étiez gelée ? Venez, j’ai à vous parler.

— Oui, ma tante, répondit la rusée Marguerite en feignant de se lever avec effort ; mais c’est qu’en vérité je souffre beaucoup de ce pied ! Ne pouvant danser, j’avais froid dans le grand salon.

— Mais avec qui donc causiez-vous ici ? lui demanda la comtesse en regardant Cristiano, qui s’était rapproché de M. Stangstadius.

— Avec le neveu de votre ami M. Goefle, qui vient