Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/131

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de m’être présenté par M. Stangstadius. Vous le présenterai-je, ma tante ?

Cristiano, qui n’écoutait pas le savant, entendit fort bien la réponse de Marguerite, et, résolu à tout risquer pour prolonger ses rapports avec la nièce, il vint de lui-même saluer la tante d’une façon si gracieusement respectueuse, qu’elle fut frappée de sa bonne mine. Il faut croire qu’elle avait un grand besoin de M. Goefle ; car, en dépit du nom roturier que s’attribuait Cristiano, elle lui fit aussi bon accueil que s’il eût appartenu à une des grandes familles du pays. Puis, M. Stangstadius ayant affirmé qu’il était un garçon de mérite :

— Je suis charmée de faire connaissance avec vous, lui dit-elle, et j’en veux à M. Goefle de ne s’être jamais vanté devant moi d’un neveu qui lui fait honneur. Vous vous occupez donc de science, comme notre illustre ami Stangstadius ? C’est fort bien vu. C’est une des belles carrières que peut choisir un jeune homme. Par la science, on arrive même à la plus agréable position qu’il y ait dans le monde, c’est-à-dire à une considération que l’on n’est pas forcé d’acheter par des sacrifices.

— Je vois, reprit Cristiano, qu’il en est ainsi en Suède, soit dit à la louange de ce noble pays ; mais en Italie, où j’ai été élevé, et même en France, où