Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/155

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— Ne vous en inquiétez pas, lui dit Olga ; elle était ici tout à l’heure.

— Elle se cache, elle s’obstine à ne pas danser !

— Nullement, dit le baron ; elle s’était résignée. C’est moi qui n’ai pas voulu abuser de son obligeance.

Et, offrant le bras à la comtesse, il s’éloigna avec elle pour lui dire qu’il n’entendait pas être aimé par contrainte, qu’il était assez grand garçon pour faire sa cour lui-même, et qu’il la priait de ne plus se mêler de rien, si elle ne voulait lui faire perdre toute espérance et même toute volonté de mariage.

La comtesse se consola de la mercuriale ; car c’était la première fois que le baron paraissait décidé à rechercher sa nièce. Tout intrigante et perfide qu’elle était, elle fut la dupe du baron, qui ne songeait plus qu’à la jouer comme elle s’était jouée de lui.

— J’admire, se disait Cristiano en se dirigeant vers le buffet, comme ces personnes de haute intrigue, qui se croient maîtresses des destinées du vulgaire, sont niaises dans leur malice et faciles à duper ! Il doit en être ainsi quand on a pour point de départ, dans une telle vie, le mépris absolu de l’espèce humaine. On ne peut pas mépriser les autres