Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ces estomacs septentrionaux ne se contentaient nullement des rafraîchissements et friandises promenés dans le bal. Ils venaient se réchauffer avec les bons vins d’Espagne et de France, et Cristiano trouva enfin dans leur manière de les déguster un cachet particulier à ces hommes du Nord, qu’il n’avait pu constater jusque-là. Dès lors il remarqua en eux une certaine rudesse de manières et une gaieté plus lourde que celle dont il se sentait capable. Par compensation, la franchise et la cordialité de ces jeunes gens lui furent sympathiques. Tous lui firent fête et le forcèrent de boire avec eux jusqu’à ce que, se sentant un peu monté et craignant de se laisser aller à trop d’abandon, il s’arrêtât, admirant avec quelle aisance ces robustes enfants de la montagne engloutissaient les vins capiteux sans en paraître émus le moins du monde.

Aussitôt qu’il put se dégager de leurs amicales provocations, il alla se mettre près de la porte, afin de pouvoir sortir dès qu’il apercevrait Marguerite dans la galerie. Il pensait qu’en voyant cette salle pleine de jeunes gens en train de boire, elle ne voudrait pas entrer ; mais elle vint et entra quand même, et, au bout de quelques instants, d’autres jeunes personnes vinrent avec leurs cavaliers s’asseoir à d’autres tables, où ceux qui les occupaient s’empressè-