Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/164

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de confidence qui ne lui déplut pas, comme on peut croire, que sa tante était toute changée à son égard, et qu’au lieu de la gronder, elle lui avait parlé avec douceur.

— Il faut, ajouta-t-elle, que le baron ne lui ait rien dit de mon algarade, ou que, la sachant, elle ait résolu de s’y prendre autrement pour m’amener à ses fins ; tant il y a que je respire, que le baron ne s’occupe plus de moi, et que, si je dois être grondée demain par ma tante, ou renvoyée pour pénitence à ma solitude de Dalby, je veux me divertir cette nuit et oublier tous mes chagrins. Oui, je veux danser et sauter, car figurez-vous, monsieur Goefle, que c’est le premier bal de ma vie, et que je n’ai jamais dansé que dans ma chambre avec la bonne Potin. Aussi je meurs d’envie d’essayer mon petit savoir en public, en même temps que je meurs de peur d’être maladroite et de m’embrouiller dans les figures de la contredanse française. Il me faudrait trouver quelqu’un d’obligeant qui m’aidât à m’en tirer et qui eût l’œil sur moi, pour m’avertir charitablement et adroitement de mes gaucheries.

— Ce quelqu’un-là ne sera pas difficile à trouver, répondit Cristiano, et, si vous voulez vous fier à moi, je réponds que vous danserez comme si vous en étiez à votre centième bal.