Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/184

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Quelques instants après, Cristiano se trouva seul avec Osmund dans une antique salle du rez-de-chaussée chauffée par une cheminée immense.

— C’est ici, lui dit le capitaine, que nous avons la liberté de fumer. Tenez, voici un râtelier bien garni ; prenez une pipe à votre goût, et puisez dans le pot à tabac. Sur la table, vous voyez la bière la plus succulente du pays et la plus vieille eau-de-vie de Dantzig. Tout à l’heure mes camarades viendront nous donner des nouvelles de l’événement.

— Vous me croyez très-irrité, je le vois, mon cher major, répondit Cristiano ; mais vous vous trompez. Je ne demande pas mieux que de donner au baron le temps de se remettre de sa crise, et d’attendre ici, en fumant avec vous, qu’il veuille donner suite à l’explication.

— Pourquoi faire ? Pour un duel ? répondit le major. Bah ! le baron ne se bat jamais ; il ne s’est jamais battu ! Vous ne le connaissez donc pas du tout ?

— Nullement, dit Christian en bourrant tranquillement sa pipe et en se versant un grand cruchon de bière. Est-ce qu’en vrai don Quichotte je me serais adressé à un moulin à vent ? Je ne savais pas être si ridicule.

— Vous ne l’avez pas été, mon cher ; vous avez même fait, à bien des yeux et aux miens en parti-