demandé intérieurement si je n’étais pas un ex-Frontin de bonne maison, tombé dans la disgrâce et cherchant à faire des dupes.
— Tiens ! vous avez deviné que cette idée me traversait la tête ? Eh bien, je m’en confesse, et je vois de reste maintenant que, si vous avez eu de l’emploi dans les bonnes maisons, ce n’est toujours pas à titre de laquais.
— Eh ! mon Dieu, monsieur, dit Cristiano, laquais ou professeur, c’est un peu la même chose, à un échelon de plus ou de moins, dans l’esprit de certaines gens.
— Non, pas en Suède, mon ami ; diable ! non, il n’en est pas ainsi.
— Je le sais, monsieur : votre pays est porté aux études sérieuses, et nulle part les connaissances humaines ne sont plus noblement encouragées dans leur développement ; mais ailleurs il arrive souvent… Ici, Cristiano fut interrompu par l’entrée d’Ulphilas, qui apportait le déjeuner, et qui, en voyant la table servie, s’arrêta stupéfait.
— Tu le vois, ignorant ! lui cria gaiement M. Goefle, qui devina le motif de sa surprise : mon kobold m’a servi à ta place, et c’est bien heureux pour moi, puisque, depuis douze heures, tu m’avais si complétement oublié.