pour quelques jours. Il n’a pas encore refusé le service, et la pauvre bête porte docilement sur son dos ce que deux chevaux ne porteraient peut-être pas sans te faire prier !
— C’est égal ! reprit Puffo agenouillé devant le poêle, qui commençait à gronder et à faire mine de se bien conduire, vous auriez dû le vendre à Stockholm, où il faisait envie à tant de gens.
— Vendre Jean ! pour qu’il soit empaillé dans un musée ? Ma foi non ! Voilà une année de bons services qu’il m’a rendus, et je l’aime, moi, ce fidèle serviteur. Qui sait, Puffo, si j’en pourrai dire autant de toi dans un an ?
— Merci, patron Cristiano ! ça m’est égal. Je ne suis pas pour le sentiment, moi, et je me moque bien de l’âne, pourvu que je trouve à boire et à manger quelque part.
— Ça, c’est une idée. Le sentiment n’empêche pas l’appétit, et j’ai aussi une faim de tous les diables. Voyons, Puffo ; soyons judicieux, et récapitulons. On nous a dit au château neuf : « Il n’y a pas de place ici pour vous. Quand vous viendriez au nom du roi, vous ne trouveriez pas un coin grand comme la main pour vous loger. Allez voir à la ferme. » À la ferme, on nous a dit la même chose ; mais on nous a donné une lanterne en nous montrant un chemin