Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/240

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sant dans l’histoire et dans les choses de la nature, je me perdis entièrement de vue, et, au lieu de butiner comme l’abeille pour faire du miel et de la cire, je m’envolai dans l’immensité des connaissances humaines pour le seul plaisir de connaître et de comprendre.

» C’est alors que je sentis de grands élans vers les sciences naturelles, et que ma prédilection pour cet emploi de ma vie s’établit dans mon cerveau comme une vocation mieux déterminée que la première. À cette ardeur de comprendre se joignit celle de voir, et je puis dire que deux hommes s’éveillaient en moi, l’un qui voulait découvrir les secrets de la création par amour pour la science, c’est-à-dire pour ses semblables, l’autre qui voulait savourer en poëte, c’est-à-dire un peu pour lui-même, les beautés variées de la création.

» De ce moment, je m’épris de l’idée des lointains voyages. En m’absorbant dans les collections et les musées de Pérouse, je rêvais les antipodes, et la vue d’une petite pierre ou d’une petite fleur desséchée me transportait en imagination au sommet de grandes montagnes et au delà des grandes mers. J’avais soif aussi de voir les grandes villes, les centres de lumière, les savants de mon époque, les collections étendues et précieuses. Sofia Goffredi m’avait ensei-