Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

paré d’avance à quitter cette chère petite retraite, que j’avais déjà fait machinalement mon paquet en même temps que l’ensevelisseuse roulait le drap mortuaire autour du pauvre cadavre. Je laissai la liquidation aux mains de la famille ; j’avais eu assez d’ordre dans ma prodigalité pour savoir que, s’il ne me restait rien, du moins je ne laissais aucune dette derrière moi.

» J’allais quitter la maison quand le petit juif dont je vous ai parlé se présenta. Je pensais qu’il venait tâcher d’acquérir à bas prix quelques-unes des précieuses antiquailles de la collection de M. Goffredi, qui allait être mise aux enchères ; mais, s’il y songea, il eut la délicatesse de ne m’en point parler, et, comme je l’évitais, il me suivit dans le jardin, où j’allais cueillir quelques fleurs, seul souvenir matériel que je voulusse emporter. Là, il me mit dans la main une bourse assez bien garnie, et voulut s’enfuir sans me donner d’explication.

» Je pensais si peu à d’autres parents que ceux que je venais de perdre, que je crus à quelque aumône dont ce juif était l’intermédiaire, et que je jetai la bourse loin de moi pour le forcer à venir la reprendre. Il revint en effet sur ses pas, et, la ramassant, il me dit :

» — Ceci est à vous, bien à vous. C’est de l’argent