Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/255

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que je devais aux Goffredi et que je vous restitue.

» Je refusai. Il se pouvait que cette petite somme fût nécessaire pour parfaire quelque appoint dans les dettes de la succession. Le juif insista.

» — Ceci vient de vos véritables parents, me dit-il ; c’est un dépôt qui m’était confié, et que je me suis engagé à vous remettre quand vous en auriez besoin.

» — Je n’ai besoin de rien, lui répondis-je ; j’ai de quoi aller à Rome, où les amis de M. Goffredi me trouveront de l’occupation. Rassurez mes parents sur mon compte. Je présume qu’ils ne sont pas riches, puisqu’ils n’ont pu me faire élever sous leurs yeux. Remerciez-les de leur souvenir et dites-leur qu’à l’âge où je suis, avec l’éducation que j’ai reçue, ce sera bientôt à moi de les assister, s’ils ont besoin de moi. Qu’ils se fassent connaître ou non, j’accepterai cette tâche avec plaisir. Ils m’avaient mis en de si bonnes mains, et, grâce à ce choix, j’ai été si heureux, que je leur dois une vive reconnaissance.

» Tels étaient mes sentiments, monsieur Goefle ; je ne me fardais point, car tels ils sont encore. Je n’ai jamais éprouvé le besoin d’accuser et d’interroger ceux qui m’ont donné la vie, et je ne comprends pas les bâtards qui se plaignent de n’être pas nés dans une condition de leur choix, comme si tout ce qui vit n’avait pas été de tout temps destiné à