Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/285

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cas perpétuel des jeunes gens du monde que je fréquentais, mais que je n’étais pas en situation d’en avoir avant d’être mis en possession d’un nouvel emploi, et encore, en supposant que j’y porterais une conduite plus clairvoyante et plus régulière que je n’avais fait par le passé. Quant à ce dernier point, je voulais bien en prendre l’engagement vis-à-vis de moi-même ; mais ma fierté ne pouvait se résoudre à le prendre vis-à-vis des autres en de semblables circonstances.

» Quand j’expliquai cette situation à Guido Massarelli, il s’étonna beaucoup de mes scrupules, et même il en prit quelque pitié. Plus il m’engageait cependant à aller demander des secours à mes amis de Rome, plus je sentais augmenter ma répulsion : elle était peut-être exagérée ; mais il est certain qu’en me voyant assis côte à côte avec ce compagnon d’infortunes, je ne rougissais pas d’être réduit à manger de la graine de lupin avec lui, tandis que je serais mort de faim plutôt que d’aller avec lui demander à dîner à mes anciennes connaissances. Il avait tant abusé, lui, des demandes, des promesses, des repentirs stériles et des plaidoyers intéressants, que j’aurais craint de paraître jouer un rôle analogue au sien.

» — Nous avons fait des sottises, lui dis-je, il faut