Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/288

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qu’avec moi il y trouverait du plaisir, puisque c’est une règle générale qu’on n’amuse pas les autres quand on s’ennuie soi-même. En conséquence, il m’aida à faire un théâtre portatif en deux parties, dont chacune nous servait en quelque sorte d’étui pour marcher à couvert du soleil, de la pluie et des alguazils, et qui, en se rejoignant au moyen de quelques crochets, formaient une scène assez large pour le développement de nos deux paires de mains. Je transformai en figurines intelligentes et bien costumées ses ignobles burattini, j’y ajoutai une douzaine de personnages nouveaux que je confectionnai moi-même, et nous fîmes en plein vent, dans des solitudes agrestes, l’essai de notre nouveau théâtre.

» Les humbles frais de cet établissement furent couverts par la vente de mes figurines de dévotion, en pierre tendre, que Guido sut placer dans la campagne beaucoup plus avantageusement que je ne l’avais fait moi-même ; au bout de la semaine, nous parvînmes à donner dans les faubourgs de Rome une douzaine de représentations qui eurent le plus grand succès, et qui nous rapportèrent la somme fabuleuse de trois écus romains ! C’était de quoi nous remettre en route et traverser les déserts qui séparent la ville éternelle des autres provinces de l’italie.