Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/289

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Guido, charmé de notre réussite, eût voulu exploiter Rome plus longtemps. Il est certain que nous eussions pu nous risquer dans les beaux quartiers et attirer l’attention des gens du monde sur nos petites comédies ; mais c’est là précisément ce que je craignais, ce que tous deux nous devions craindre, ayant tant de motifs de nous tenir cachés. Je décidai mon compagnon, et nous prîmes la route de Florence, jouant nos pièces dans les villes et les bourgades pour faire nos frais de voyage.

» Nous avions pris par Pérouse, et, pour ma part, ce n’était pas sans dessein que j’avais préféré cette voie à celle de Sienne. Je voulais revoir ma belle et chère ville, mon doux lac de Trasimène, et surtout la petite villa où j’avais passé de si heureux jours. Nous arrivâmes à Bassignano à l’entrée de la nuit. Jamais je n’avais vu le soleil couchant si lumineux sur les eaux calmes et transparentes. Je laissai Guico s’installer dans une misérable hôtellerie, et je m’en allai, le long du lac, jusqu’à la villetta Goffredi.

» Pour n’être pas reconnu dans le pays, j’avais mis un masque et un chapeau d’arlequin achetés à Rome pour les circonstances périlleuses. Quelques guenilles bariolées me travestissaient à l’occasion en saltimbanque officiel, costume très-convenable pour un montreur de marionnettes destiné à faire les annon-