Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

monde. Un de ces auditeurs de rencontre était un marquis Spinola, qui nous avait mandés chez lui pour divertir ses enfants. Nous nous y étions rendus masqués, ayant fait de notre incognito une condition expresse. Le théâtre dressé dans un jardin, nous avions eu pour public la plus brillante et la plus illustre société de la ville.

» Les jours suivants, nous ne sûmes à qui entendre. Tout le monde voulait nous avoir, et Guido fit des conditions très-élevées, qui ne furent discutées nulle part. Le mystère dont nous nous entourions, le soin que nous avions de ne quitter nos masques que dans la baraque, les noms fantastiques que nous nous étions donnés, ajoutèrent sans doute à notre vogue. Tout le monde devina aisément que nous étions deux enfants de famille ; mais, tandis que les uns devinaient également que nous étions sur le pavé par suite de quelque sottise, d’autres voulaient se persuader que nous faisions ce métier uniquement pour notre divertissement et par suite de quelque gageure. On alla jusqu’à vouloir reconnaître en nous deux jeunes gens de la ville, qui s’en donnèrent les gants après coup, à ce qu’il nous fat dit plus tard.

» À Nice, à Toulon et jusqu’à Marseille, nous parcourûmes une série de triomphes. Comme nous