Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

teur. Il m’avait pris seulement pour jouer avec son petit garçon, qui était malade, et nous nous amusions bien, allez ! Nous faisions toute la journée de petits bateaux de papier ou de petits traîneaux avec de la mie de pain !

— Ah ! ah ! c’est bon à savoir, ça ! dit le docteur en droit d’un air courroucé ; et Gertrude qui me disait que tu t’étais rendu si utile dans cette maison !

— Oh ! monsieur Goefle, j’étais bien utile !

— Oui, pour les bateaux de papier et les traîneaux de mie de pain ! C’est très-utile assurément ; mais si, à l’âge où te voilà, tu ne sais pas faire autre chose…

— Mais, monsieur Goefle, j’en sais bien autant que les autres enfants de dix ans !

— De dix ans, bourreau ? tu n’as que dix ans ? Et ta tante qui t’en donne treize ou quatorze ! Eh bien, qu’est-ce que tu as, imbécile ? Pourquoi pleures-tu ?

— Dame, monsieur le docteur, vous me grondez ! Ce n’est pas ma faute si je n’ai que dix ans.

— C’est juste ! Voilà ta première parole sensée depuis ce matin que j’ai le bonheur de te posséder à mon service. Allons, essuie tes yeux et ton nez ! Je ne t’en veux pas. Tu es grand et fort pour ton âge, c’est toujours ça, et, ce que tu ne sais pas, tu l’apprendras, n’est-ce pas ?