Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/68

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teau. Et puis je n’ai jamais compté sur ce camarade-là pour la moindre assistance. S’il a trouvé, dans une cuisine quelconque, un coin pour s’attabler, je suis bien sûr qu’il ne songe guère à moi, et j’ai fort bien fait de songer à moi-même. C’est égal, si, par hasard, il revenait dormir ici, il ne faut pas que le pauvre diable gèle à la porte de ce manoir.

Cristiano alla rouvrir la porte du préau, que Ulph n’avait pas manqué de refermer après l’arrivée de M. Goefle, et il revint avec la résolution bien arrêtée de se mettre à table n’importe avec qui, de gré ou de force.

— C’est mon droit, se disait-il encore ; la table est vide, et j’apporte de quoi la remplir agréablement. Si j’ai ici un compagnon, pour peu qu’il soit aimable, nous ferons bon ménage ensemble ; sinon, nous verrons qui des deux mettra l’autre dehors.

En devisant ainsi, Cristiano alla voir si on n’avait pas touché à son bagage. Il le trouva rangé dans le coin où il l’avait caché et où personne ne l’avait aperçu. Il examina alors la malle, la valise et les effets de M. Goefle, épars sur des chaises, le linge bien plié, tout prêt à être emporté dans quelque armoire, les habits étendus sur les dossiers des siéges pour se défriper ; enfin la valise vide, sur le couvercle de laquelle il lut ces mots : M. Thormund Goefle,