Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/69

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avocat à Gevala et docteur en droit de la Faculté de Lund.

— Un avocat ! pensa l’aventurier. Eh bien, ça parle, un avocat ! ça doit toujours avoir un peu d’esprit ou de talent. Ce me sera une agréable compagnie, pour peu qu’il ait le bon sens de ne pas juger l’homme sur l’habit. Où peut-il s’être fourré, cet avocat ? C’est quelque invité aux fêtes du château de Waldemora, qui, comme moi, aura trouvé la maison pleine, ou qui, par goût, aura choisi ce romantique manoir pour son gîte, ou bien plutôt c’est l’homme d’affaires du riche baron, car, en ce pays de castes et de vieilles haines, les bourgeois ne sont peut-être pas invités à se réjouir avec les nobles. Que m’importe ! L’avocat est sorti, voilà ce qu’il y a de certain. Il aura été causer avec l’ancien régisseur, ou bien il est dans cette chambre à deux lits dont on m’a parlé, et dont je ne vois point la porte. La chercherai-je ? Qui sait s’il n’est pas couché ? Oui, voilà le plus probable. On aura voulu le servir, il aura refusé, se contentant de confitures et ne souhaitant que son lit. Qu’il dorme en paix, le digne homme ! moi, je m’arrangerai très-bien de ce grand fauteuil, et, si j’ai froid… parbleu ! voilà une magnifique pelisse fourrée et un bonnet de voyage en martre zibeline qui me garantiront le corps et les oreilles. Voyons si j’y serai