tre, et, dans cet instinct-là, il y avait aussi celui de la galanterie, encore tout-puissant à cette époque sur les hommes jeunes ou vieux, dans quelque monde qu’ils fussent classés.
Cependant la jeune dame, qui avait suivi son guide, fit un mouvement de surprise en se trouvant dans la fameuse chambre.
— Est-ce donc là la salle de l’ourse ? dit-elle avec un peu d’inquiétude. Je n’y étais jamais entrée.
Et, comme Cristiano, faute de comprendre, ne lui répondait pas du tout, elle le regarda à la lueur de l’unique bougie placée sur la table, et s’écria en suédois :
— Ah ! mon Dieu ! ce n’est pas Ulphilas ! À qui donc ai-je l’honneur de parler ? Est-ce à M. Goefle en personne ?
Cristiano, qui comprenait et parlait très-bien le suédois, se rappela rapidement le nom écrit sur la valise de l’avocat, et, tout aussi rapidement, il s’aperçut qu’enveloppé de la défroque dudit avocat, il pouvait bien se divertir, fût-ce pour un instant, à jouer son rôle. Étranger, isolé, perdu dans un pays dont, par des circonstances toutes particulières que nous saurons plus tard, il parlait la langue, mais où il ne tenait à personne et n’était pas forcé de prendre la vie au sérieux, il trouvait naturel de s’amuser