Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/76

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quand l’occasion s’en présentait. Il répondit hardiment et à tout hasard :

— Oui, madame, c’est moi qui suis maître Goefle, docteur en droit de la Faculté de Lund, exerçant la profession d’avocat à Gevala.

En parlant ainsi, il trouva sous sa main un étui à lunettes qu’il ouvrit à la hâte. C’étaient les lunettes vertes que mettait l’avocat en voyage pour préserver ses yeux de la fatigante blancheur des neiges. Charmé de cette découverte, que la providence des fous semblait jeter sur son nez, il se sentit parfaitement déguisé.

— Ah ! monsieur le docteur, lui dit l’inconnue, je vous demande mille pardons, je ne vous voyais pas ; je n’ai, d’ailleurs, jamais eu le plaisir de vous voir, et je vous prenais pour le gardien du Stollborg ; précisément je lui ordonnais, en lui promettant une gratification qui a dû vous faire rire, de vous demander pour moi un moment d’entretien.

Cristiano s’inclina respectueusement.

— Alors, reprit l’inconnue, vous m’autorisez à vous entretenir d’une affaire… un peu embarrassante… un peu délicate ?

Ces deux mots sonnèrent à l’oreille de l’aventurier d’une façon si réjouissante, qu’il oublia le moment de vive contrariété causée à son appétit par cette vi-