Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

debout, quand, moi, je suis assise sur l’unique fauteuil de cette chambre. Je sais le respect que je dois à un homme de votre mérite… j’allais dire de votre âge, car je m’étais, je ne sais pourquoi, habituée à l’idée de vous voir très-vieux, tandis que vous me paraissez beaucoup plus jeune que le baron.

— Vous me faites trop d’honneur, répondit Cristiano en enfonçant sur ses yeux et le long de ses joues le bonnet fourré à oreillettes rabattues ; je suis vieux, très-vieux ! Il n’y a que le bout de mon nez qui puisse paraître jeune, et je suis forcé de vous demander pardon de ne pas me découvrir en votre présence ; mais votre visite m’a surpris… J’avais ôté ma perruque, et me voilà forcé de vous cacher comme je peux mon crâne chauve.

— Ne faites donc aucune cérémonie, monsieur Goefle, et daignez vous asseoir.

— Si vous le permettez, je resterai debout près du poêle à cause de ma goutte qui me tiraille, répondit Cristiano, qui se trouvait placé ainsi la tête dans l’ombre, tandis que la maigre clarté de la bougie se portait tout entière sur son interlocutrice. Veuillez me dire à qui j’ai l’honneur…

— Oui, oui, répondit-elle vivement. Oh ! sans m’avoir jamais vue, vous me connaissez bien ! C’est moi qui suis Marguerite.