Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/80

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— Ah ! vraiment ? s’écria Cristiano du ton dont il eût dit : « Je n’en suis pas plus avancé. »

Heureusement, la jeune fille était pressée de s’expliquer.

— Oui, oui, reprit-elle, Marguerite Elvéda, la nièce de votre cliente.

— Ah ! ah ! ma cliente…

— La comtesse Elvéda, sœur de mon père le colonel, qui était l’ami du malheureux baron ?

— Le malheureux baron…

— Eh ! mon Dieu, le baron Adelstan, dont je ne prononce pas sans émotion le nom dans cette chambre, et qui a été assassiné par des mineurs de Falun… ou par d’autres ! car, enfin, monsieur, qui sait ? êtes-vous bien certain que ce fussent des ouvriers de la mine ?

— Oh ! pour cela, mademoiselle, si quelqu’un peut jurer sur l’honneur qu’il n’en sait rien du tout, c’est votre serviteur, répondit Cristiano d’un ton pénétré, qui, interprété autrement par la jeune fille, parut la frapper vivement.

— Ah ! monsieur Goeflle, dit-elle avec vivacité, je le savais bien, que vous partagiez mes soupçons ! Non, rien ne m’ôtera de l’idée que toutes ces morts tragiques dont on a parlé, et dont on parle encore tout bas… Mais sommes-nous bien seuls ? Personne