Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/116

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» La vivacité d’Adelstan et la modération d’Olaüs firent que mon père blâma hautement l’effroyable soupçon que semblait avoir émis l’aîné. Celui-ci n’insista pas, mais il ne paraît pas qu’il l’ait jamais abjuré. On rapporte de lui beaucoup de mots de ce genre qui demeurèrent sans preuves, mais non pas sans poids, dans la mémoire de quelques personnes de son entourage.

» Le baron Magnus n’avait point fait d’économies qui permissent à l’un des frères de racheter sa part dans la propriété immobilière. Il fut donc question de vendre les terres et le château ; Olaüs ne voulut pas accepter la pension que lui offrait son frère, et qui cependant était plus considérable que celle qu’il offrait lui-même dans le cas où la propriété lui serait adjugée. Il dut néanmoins en passer par là : il ne se présentait pas d’acquéreurs. Ce vaste château, dans un pays reculé aux limites du désert, n’était plus un séjour en harmonie avec les mœurs modernes, qui tendent à se rapprocher de la capitale et des provinces du Midi. Mon père réussit à établir clairement les revenus et dépenses de la propriété, en raison de quoi il fixa le chiffre de la rente qui serait servie à l’un des frères par celui qui conserverait la jouissance du domaine, et tous deux consentirent à s’en remettre au sort. Le sort favorisa l’aîné.